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16 février 2010 2 16 /02 /février /2010 17:39
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Rébia BENARIOUA a eu l'insigne honneur d'accompagner notre candidat à la Région, le Président Michel VAUZELLE, dans nos quartiers et en l'occurrence celui du Plan D'Aou. Ce quartier rénové en totalité, en partie financé par le Conseil Général et le Conseil Régional, vit une nouvelle vie. Rébia BENARIOUA a eu aussi le plaisir de lui présenter les associations qui comptent dans le secteur. 


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On se doit de noter la présence de Madame REZOUG, auprès de Michel VAUZELLE et Rébia BENARIOUA, militante actif dans ces arrondissements et qui figure en bonne place dans la liste du Parti Socialiste.  On espère tous qu'elle sera élue et continuera le travail qui a été le sien toutes ces années sur le terrain. 
Un petit salut enfin à notre ami Louis PAGAN qui coordonne toutes ces visites avec le milieu associatif. 


Rébia BENARIOUA

 
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16 février 2010 2 16 /02 /février /2010 17:34


   Régionales 13 Février 
    
 

          Les militants et amis disponibles se retrouvent comme chaque samedi au Café de La Gare, échangent et prennent quelque réconfort autour d'un café.

        ( La gare à laquelle la Région entre autres  a redonné  vie après des décennies d'abandon...)

        Ce matin, l'équipe se partage: les uns iront aux Borels, d'autres à Notre Dame Limite et aux Bourrelys et les derniers vous proposent une formation....Et on peut y voir Azzedine, Hattab, Djamel et Mohamed entre autres.

        


Régionales 13 Février (3)    
     
                  1) Préparation de la colle


Régionales 13 Février (5)









        
            2) Chacun s'active

Régionales 13 Février (6)


       
        3 ) Profitons vite des panneaux disponibles avant le tirage au sort réglementaire. Alors les emplacements seront respectés.
 


Régionales 13 Février (8)  








      4) Un espace "EXPRESSION LIBRE"  (il faudra sans doute     multiplier.)

Régionales 13 Février (9)










  6) La mission s'achève dans un cadre bien symbolique.



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11 février 2010 4 11 /02 /février /2010 14:39
Voici un article du Nouvel Obs sur la précarité au quotidien qui malheureusement progresse de plus en plus dans nos quartiers et noyaux  villageaois.
LE LIVRE EVENEMENT DE FLORENCE AUBENAS
NOUVELOBS.COM | 11.02.2010 | 11:50

Document Huit jours avant la sortie du "Quai de Ouistreham", aux Editions de l’Olivier, le Nouvel Observateur en publie les bonnes feuilles. Le fruit d’une immersion de six mois dans le quotidien des travailleurs précaires.

Lorsque Florence Aubenas a demandé à prendre un congé sabbatique, la rumeur a couru qu’elle partait écrire un roman au Maroc. Quelques mois plus tard, on a compris que le Maroc n’était qu’un écran de fumée destiné à protéger son véritable projet. Florence s’était installée à Caen où, dans le plus grand secret, elle avait décidé de s’inscrire au chômage et de chercher du travail. Elle avait conservé son nom, ses papiers, tiré ses cheveux en arrière après les avoir teints en blond, pris l’habitude de garder ses lunettes sur le nez. L’expérience a fonctionné. A deux exceptions près, personne n’a reconnu la journaliste dont le portrait s’affichait sur les murs quatre ans plus tôt, à l’époque où elle était détenue en Irak. Pendant six mois, de février à juillet 2009, Florence Aubenas s’enrôle dans cette armée de CDD qui constitue aujourd’hui une nouvelle classe ouvrière. Elle fait la tournée des agences d’intérim où, quand on ne l’éconduit pas d’un : « Vous êtes plutôt dans le fond de la casserole, madame », on la traite, dit-elle, « avec une douceur d’infirmière dans un service de soins palliatifs ». Jusqu’au jour où une conseillère de Pôle Emploi lui assure que, dans son cas, la meilleure solution, c’est de s’orienter vers la spécialité d’agent de nettoyage. Au bout d’un mois et demi, la voilà employée à bord du ferry pour l’Angleterre, à Ouistreham, à récurer les cabines et les toilettes. Une heure par jour, de 21h30 à 22h30. Viendront s’ajouter d’autres boulots, quand ce ne seront pas quelques heures attribuées au dernier moment. Au total, elle ne gagnera jamais plus de 700 euros par mois. Florence raconte de façon saisissante ce qu’elle a vécu. La fatigue nerveuse, les horaires qui n’en finissent pas, les déplacements incessants d’un travail à l’autre, la vulnérabilité qui oblige à subir et à fermer sa gueule, mais aussi la solidarité et les moments de bonheur arrachés à un monde où une prime de licenciement de 200 euros fait figure de parachute en or et un CDI de 5h30 à 8 heures le matin, de passeport pour le paradis. Michel Labro

Extraits du livre événement de Florence Aubenas


"Tout le monde m’avait mise en garde. Si tu tombes sur une petite annonce pour un boulot sur le ferry-boat à Ouistreham, fais attention. N’y va pas. Ne réponds pas. N’y pense même pas. Oublie-la. Parmi ceux que j’ai rencontrés, personne n’a travaillé là-bas, mais tous en disent la même chose : cette place-là est pire que tout, pire que dans les boîtes de bâtiment turques qui te payent encore plus mal qu’en Turquie et parfois même jamais ; pire que les ostréiculteurs, qui te font attendre des heures entre les marées avant d’aller secouer les poches en mer par n’importe quel temps ; pire que dans le maraîchage, qui te casse le dos pour des endives ou des carottes ; pire que les grottes souterraines de Fleury, ces anciennes carrières de pierre, puis abris antiaériens pendant la guerre, devenues aujourd’hui des champignonnières, qui te laissent en morceaux au bout d’un après-midi de travail. Pour les pommes, on en bave aussi, mais la saison commence plus tard. Ces boulots-là, c’est le bagne et la galère réunis. Mais tous valent mieux que le ferry d’Ouistreham.
Comme tous les matins, je viens d’arriver à Pôle Emploi. J’y ai mes habitudes,maintenant, je connais l’imprimante qui fonctionne correctement, le téléphone où il est presque possible de s’isoler, la manière de changer le papier de la photocopieuse. En général, je rentre, je fonce en essayant de viser le seul ordinateur qui permet de consulter les annonces assis, et pas debout devant un petit comptoir. Il est libre, aujourd’hui. Ça doit être un signe de la providence, j’en suis sûre. […]
Devant moi, les offres du jour ont commencé à apparaître. Je les connais presque toutes par coeur, ce sont les mêmes qui tournent en boucle parfois pendant des jours.
– A Deauville, vous nettoierez les extérieurs d’un magasin de luxe, trottoirs et vitres. Vous travaillerez une heure et demie par jour, du lundi au samedi, de 9 heures à 10h30. Expérience exigée en lavage de vitres.
– A Bréville, dans une collectivité, vous serez cette personne polyvalente chargée du service à l’assiette, de la plonge, du ménage des communs, du ménage des chambres.
Horaire découpé (9 heures-14h30 et 19h30-22 heures), travail les jours fériés et week-ends par roulement ; pas de possibilité de logement, contrat à durée déterminée de deux mois, expérience exigée de service en salle, avantage en nature en nourriture. […]
– A Ifs, vous serez chargé de diverses tâches de manutention, tonte des pelouses, entretien et petite réparation, livraisons de pièces auto. Votre contrat sera de cinq mois, poste réservé aux travailleurs handicapés.
– A Merville-Franceville-Plage, vous serez garant d’une propreté irréprochable de l’établissement, vous aurez en charge le nettoyage des sanitaires, des mobile homes et de toutes les structures d’accueil. Contrat de quatre heures par semaine pour quatre mois.
Je repère une nouvelle annonce.
– A Caen, vous participerez à une tournée événementielle d’envergure nationale. Urgent.
Je téléphone et – incroyable – la ligne n’est pas occupée. L’homme qui décroche se présente comme le «manager ». Il m’explique que la tournée événementielle consiste à distribuer des échantillons de déodorant dans une rue piétonne du centre-ville, un samedi après-midi. « Vous avez plus de 25 ans ? Alors pourquoi vous me faites perdre mon temps ? Vous savez bien que c’est un mauvais point pour ce genre de job. Et à quoi vous ressemblez ? Blonde ? Rousse ? Quel style ? Glamour ? Rockeuse ? Je vous préviens, j’ai une pile de candidatures devant moi : au deuxième mauvais point, je raccroche. »
Dans le hall de Pôle Emploi, la file d’attente se balance mollement au rythme des soupirs bruyants d’une personne que je n’arrive pas à identifier. Derrière moi, une fille téléphone en riant. Je la connais, ou plutôt je la croise ici tous les jours. Elle est d’une bonne humeur que rien n’entame. […]
C’est exactement à ce moment-là que les deux petites lignes sont apparues sur mon écran : « Société de nettoyage à Ouistreham cherche employé(e)s pour travailler sur les ferrys. Débutant accepté. » La voilà, la fameuse petite annonce. J’appelle immédiatement, c’est irrésistible. Il faut se présenter le jour suivant, à 9h30, au siège de l’entreprise, quai Charcot à Ouistreham, avec papiers d’identité et photo en couleur. Le lendemain, un ciel blanc a tout enveloppé, pas tout à fait du brouillard, plutôt une brume légère comme de la gaze, qui semble assourdir tous les bruits et dont s’échappe de temps en temps un petit bateau ou un cycliste. Le quai Charcot, à Ouistreham, longe le canal qui vient de Caen, jusqu’à l’endroit où il se jette dans la Manche. Les locaux de l’entreprise sont plantés là, un peu en amont du large.
Un minuscule caniche aboie. « Tais-toi, Napoléon », crie une voix flûtée. En 1857, Eugénie et Napoléon III inaugurèrent les 14 kilomètres du canal et ses deux écluses, supposés faire la fortune du port d’Ouistreham, en le reliant à la zone industrielle naissante de Caen. Depuis des générations, des animaux de compagnie, des bateaux ou des mobile homes continuent d’être baptisés d’un de ces prénoms prestigieux, seuls à entretenir le souvenir de l’événement et, plus encore, celui de ses ambitions perdues.
Le néon d’un magasin d’alcools pour chauffeurs routiers brille sur le quai comme un phare. En face, une vingtaine de vieux bateaux de pêche sont accrochés à leurs anneaux, un petit port sauvage, surnommé Hongkong, d’où les derniers pirates de la côte partent pêcher le bar ou les coquilles Saint-Jacques. Bien plus loin, invisible d’ici, se trouve l’autre Ouistreham, celui du casino et de la plage Riva Bella, où le tortillon des glaces à l’italienne dessine les après-midi en famille, les dimanches où il ne pleut pas.
Les locaux de la société ressemblent aux baraques à bateaux qui les entourent, bas et fonctionnels. Dans l’entrée, un gaillard à la moustache couleur de cidre est en train d’engueuler un candidat. « C’est la deuxième fois que vous venez postuler. La première fois, vous aviez des problèmes d’emploi du temps et de voiture. Est-ce que vous les avez résolus ? Non ? Alors pourquoi vous revenez ? Au revoir. Les autres, asseyez-vous autour de la table. »
Nous sommes une dizaine, hommes et femmes mélangés. Il se révèle vite que le gaillard à moustache ne peut être que le patron, le « grand patron », comme je l’entendrai désigner plus tard ou plus respectueusement encore par son seul prénom, « Jeff », que les gens du ferry – surtout les plus humbles –, aiment faire sonner dans leurs conversations. Jeff habite une autre ville, à plus de 100 kilomètres d’Ouistreham. Tous les jours avant l’aube, il avale deux heures de route en voiture pour arriver sur le port au petit point du jour, un peu avant qu’accoste le premier ferry qui, lui, vient d’Angleterre.
En public, Jeff fait des imitations, très réalistes, des employés, jusque dans leur manière de parler ou de marcher. C’est une distraction prisée. Il défie, plaisante, rudoie, félicite, protège tour à tour. Jeff passe parfois à bord du ferry pendant une vacation, avec une préférence nette pour celle du matin. Il y aura toujours quelqu’un pour rapporter la chose : « Tiens, Jeff est venu aujourd’hui. – Et alors ? – Et alors, rien », répond l’autre presque invariablement, mais il traîne dans l’intonation de ce « rien » quelque chose qui laisse deviner, sans toutefois en éclaircir le mystère, que la journée n’aura pas été tout à fait la même pour ceux qui l’auront croisé. Jeff nous regarde l’un après l’autre, assis autour de la table. Personne n’a osé enlever son manteau, un type a même gardé son casque de moto et ses gants, comme s’il s’attendait à se faire éconduire lui aussi, et de telle manière qu’il lui faudrait décamper précipitamment. « Vous sortez vos papiers d’identité, je les photocopie. Vous ferez une formation demain matin, vous commencerez après-demain. Il y a, en général, trois ferrys par jour, à 6 heures, à 14 heures, à 21h30. On fait le ménage pendant l’escale, entre le moment où le bateau arrive et celui où il repart. Pour commencer, vous serez embauchés sur l’horaire du soir, six jours par semaine, congé le mercredi. La vacation à bord va jusqu’à 22h30. Ça fait une heure payée, en salaire de base. Après on verra. Pas de questions ? » On passe nos documents. « Une dernière chose, dit Jeff. Si vous venez de Caen, il vous faut une voiture : il n’y a pas de bus correspondant à vos horaires de travail. Je vous conseille aussi de vous regrouper pour partager les frais d’essence, sinon vous mangerez toute la paye en carburant : vous toucherez un peu plus de 250 euros par mois, avec des primes les jours fériés ou les dimanches. » Il brandit nos papiers en éventail devant lui, comme un jeu de cartes. « Pas de regrets ? Tout le monde a bien entendu ? Personne ne reprend ses billes ? » Il me regarde. « Vous, vous avez une voiture ? » Je mens immédiatement : « Oui, bien sûr. » Jeff continue de me regarder. « Si vous le dites. » […] Nous sommes cinq nouveaux embauchés ce jour-là, à l’embarcadère. Arriver jusqu’au ferry est un nouveau périple. Il faut pénétrer dans la zone sous douane en montrant un badge avec une photo, fourni par la société. Parfois, des vigiles sortent de la guérite et s’accroupissent pour ausculter les essieux ou les habitacles, en parlant de trafics et de clandestins.
Nous nous postons devant un bâtiment composé d’une petite salle nue flanquée de deux toilettes. Nous attendons l’autocar de la compagnie qui nous conduira jusqu’au ferry. La distance entre les deux ne doit pas excéder 700 mètres, mais il est interdit de les effectuer à pied. Entre l’attente, le trajet en car, l’attente à nouveau avant de grimper à bord, il faut compter une bonne demi-heure supplémentaire. […]
Le ferry se donne le style d’un paquebot de croisière, version populaire. Chaque chose est là, à sa place, flambante et astiquée comme veut la tradition, le laiton, le bois verni, la moquette, les cuivres, les fauteuils club, le bar et ses alcools. Il manque les sensations qui devraient les accompagner, celle du moelleux et du feutré. Le menu routier du restaurant offre des frites à volonté en self-service et les affiches anciennes vantant la Côte de Nacre sont des reproductions. Mauricette, la chef d’équipe, est désignée pour nous former. Elle a les cheveux très courts, blond platine, un physique taillé pour l’ouvrage. Son humeur monte et descend comme la mer et nul ne sait quelle Mauricette va répondre quand on s’adresse à elle. Ça lui plaît. Elle en joue.Marilou et moi restons collées l’une contre l’autre, en essayant de ne pas commettre d’impairs. « Vous deux, là, vous allez faire les sanis. » C’est le premier mot que j’apprends à bord. Sanis veut dire « sanitaires » qui lui-même signifie « toilettes ». Faire les sanis, c’est laver les toilettes, tâche majoritaire à bord et exclusivement féminine. Parfois, on dit à un employé homme : « Tu vas faire les sanis »,mais ça ne se réalise jamais, c’est forcément pour faire une blague, même avec les fortes têtes ou les souffre-douleur. Les hommes passent l’aspirateur, l’auto laveuse, nettoient les restaurants ou les bars, dressent les couchettes pour les traversées de nuit. Jamais ils ne frottent la cuvette des WC.
Aujourd’hui, donc, nous allons être formées aux sanis des cabines passagers. Mauricette nous met dans les mains un panier en plastique, avec deux pulvérisateurs et une vingtaine de chiffons, puis nous entraîne en courant dans le premier des interminables couloirs du ferry, si étroit qu’il faut se plaquer contre la paroi lorsqu’on se croise. Les cabines sont d’un seul côté, environ tous les deux mètres. Mauricette ouvre la porte de la première et se précipite dans l’espace minuscule où s’imbriquent quatre couchettes superposées et un cagibi de toilette, comprenant lui-même un lavabo, une douche et des WC. Elle se jette à terre, si brusquement que je pense d’abord qu’elle a trébuché. Je veux la relever, mais, sans même un coup d’oeil derrière elle, elle s’ébroue pour me repousser et, à genoux sur le carrelage, se met à tout asperger avec un pulvérisateur, du sol au plafond. Puis, toujours accroupie, elle chiffonne, sèche, désinfecte, astique, change le papier-toilette et les poubelles, remet des savonnettes et des gobelets en une rangée impeccable au-dessus du lavabo, vérifie le rideau de la douche. Tout a duré moins de trois minutes : c’est le temps imparti pour cette tâche. […]
Quand Mauricette annonce : «Maintenant, allez-y », je manque me trouver mal. Elle nous fait un grand sourire. « Vous avez de la chance, elle est de bonne humeur », dit une fille. En un quart d’heure, mes genoux ont doublé de volume, mes bras sont dévorés de fourmis et j’écume de chaleur dans le pull que j’avais cru prudent de garder. Je n’arrête pas de me cogner dans les gens, les meubles, je ne suis pas loin d’éborgner une collègue avec un pulvérisateur pendant qu’elle fait les bannettes. Elle ne se trouble pas : «Moi, le mois où j’ai débuté, j’avais des crampes dans tout le corps. J’ai perdu au moins 6 kilos. » Régulièrement, j’entends derrière moi le cri de Mauricette qui déchire le vacarme de la coursive : « Floooooreeeence. » Ça veut dire que j’ai fait une connerie. « Viens là. Tu ne vois rien dans la douche ? Les poils, là, sur le côté ? » Il faut recommencer à frotter devant elle, à quatre pattes dans les sanis, pendant qu’elle continue de cravacher le reste de la troupe, sans regarder derrière elle : « Allez les filles, dépêchez-vous, faut tenir la cadence. On n’a pas fini. » Je repars dans l’autre sens, hagarde, non sans ressentir un certain soulagement quand je me rends compte que la personne que je viens de renverser est la seule que je connaisse,Marilou. Sa métamorphose est stupéfiante : « Dis donc, qu’est-ce que tu es rouge ! Et trempée ! On dirait que tu es passée à la machine à laver. » Elle, outrée : « Tu t’es pas vue. T’es mauve, je ne t’aurais pas reconnue. »
Partout, ça court, ça rigole, ça moucharde, ça s’épaule, ça n’arrête jamais dans une agitation et un bruit que rien ne fait retomber, c’est un raffut de seaux qui s’entrechoquent, d’eau qui coule, de fracas d’aspirateurs. Aujourd’hui, tout le monde houspille « Boule puante », une femme très petite, très ronde et réputée ne jamais se laver. Son nom vole à travers les couloirs, gueulé de cabine en cabine : « Vous avez vu les sanis que vient de faire “Boule puante” ? – Dégoûtants. – C’était plus propre avant qu’elle passe. – Où t’es, “Boule puante” ? – Elle est par là, je la sens. – On la suit à l’odeur. – Je suis tombée sur elle, j’ai tiré la chasse. » On rit. On chante : « “Boule puante”, “Boule puante” », puis on tombe nez à nez avec elle et tout lemonde s’égaille en gloussant avec insolence. Ça reprend plus loin : « Si vous attrapez “Boule puante”, poussez-la sous la douche et ouvrez l’eau. » Chez les filles, les jeunes appellent les vieilles « les Vieilles ». Les vieilles disent « la Racaille » pour les jeunes. Des hommes, personne ne dit rien, avec une indulgence qui, parfois, ressemble à du mépris. Eux non plus ne se risquent pas à trop parler, sauf quand ils draguent.
L’heure de travail dure une seconde et une éternité. En signant les feuilles de présence, je distingue enfin les visages autour de moi. Il y a le monde entier sur le ferry, des belles, des moches, des demi-clochardes, des mères de famille, des petites paysannes, des créatures ou des top models. Mais on se côtoie, on se bouscule, dans une sorte de fraternité, que lissent le port de l’uniforme et la dureté de la tâche.
Une jeune fille ravissante, avec un piercing posé comme une mouche au bord de la lèvre, me demande sur quelle vacation j’ai été embauchée. « Le soir », je réponds. Elle paraît considérer que c’est une chance. Elle me dit : « Tu verras, il y a une autre ambiance. L’après-midi a quelque chose de morbide, mais ça passe. Le matin est vraiment horrible. La seule chose drôle, c’est de voir les vieilles pas maquillées. »
Je reconduis Marilou en voiture, pour fêter notre nouvel attelage. Elle a déjà deux boulots, dans le ménage, en CDD, et elle précise : « Bien sûr. » Il y a celui du matin, son préféré, pour lequel elle voudrait « décrocher le CDI ».
Elle en énumère les qualités : « Le chef est gentil. Il n’y a pas trop à faire. On n’a personne sur le dos. » C’est de 6h30 à 8h30, dans une grande surface avant l’ouverture. Le soir, de 18h45 à 20 heures, elle nettoie des bureaux chez Youpi-Métal. Son supérieur l’a convoquée l’autre jour.
« Vous téléphonez avec votre portable pendant les heures de travail, vous faites la conversation avec vos collègues. Vous allez être licenciée. »Marilou a reçu une lettre, qu’elle n’a pas bien comprise. Il en ressortait qu’elle devait aller s’expliquer au siège de Youpi- Métal, à Lisieux. Son homme a haussé les épaules. Il ne sait pas lire. Lisieux, en train, ça fait cher, et en scooter, ça fait loin. Le rendez- vous tombait à 9 heures, ce qui ne lui laissait pas le temps de finir son premier boulot. Toute l’affaire lui paraissait hors de prix et compliquée. Le chef lui a fait miroiter que la feuille de paye est plus intéressante quand on quitte un travail. « Tu vas toucher d’un coup le rattrapage des congés payés, des morceaux de primes. Cela te fera au moins 200 euros en plus, une sorte de parachute doré, quoi ! » Marilou s’est laissé pousser dehors. « Ça fait de l’argent quand même, non ? » Elle a signé pour le ferry. Nous calculons ensemble comment faire pour arriver à l’heure. Depuis Caen, le trajet prend une demi-heure. Pour attraper le car qui nous conduit au ferry, il faut être à 21 heures sur le port. Autrement dit, nous avons à peu près une heure de déplacement et d’attente dans chaque sens. Comme seul le temps passé à bord est payé, on perd deux heures pour en gagner une. Le visage de Marilou ne reflète aucune contrariété. Je lui demande : « Tu penses que c’est trop de temps gâché pour le salaire qu’on touche ? » Elle ne comprend pas. D’où je sors pour ne pas savoir que c’est normal ? Pour le boulot du matin, elle a trois heures de trajet. […] Sur le quai, toutes les conversations tournent autour de Laetitia. Elle va se faire virer.Même ses copines disent qu’elle a fait la folle, à bord, sans souci des passagers. Sur le ferry, tout peut finir par se négocier, et même se pardonner, sauf les passagers. Il faut s’effacer devant eux quand ils descendent et quand ils montent, disparaître à leur approche dans les coursives. Rien de tout cela n’est jamais explicite, il s’agit de le comprendre, très vite. Laetitia a été convoquée dans les bureaux du quai Charcot par Jeff, le grand patron, mais elle crâne bravement en répétant que Jeff ne peut pas se passer d’elle et la suppliera de rester. Ses yeux brillent, elle sautille, bougeant la tête avec de petits mouvements d’oiseau. Tout en Laetitia donne envie de la croire, de penser que les choses vont s’arranger, que la vie est joyeuse et légère et qu’elle continuera d’être payée même si elle fait, parfois, la folle sur le ferry. Cela dit, Laetitia a déjà trouvé « autre chose ». Un fast-food à Blainville. Pas un travail, bien sûr, personne ne le croirait : aujourd’hui, on ne trouve pas de travail, on trouve « des heures ». Depuis trois ans, Laetitia faisait vingt-cinq heures par semaine sur le ferry. Au fastfood, elle en aura trente, presque un coup de chance. N’empêche, Laetitia en est malade de quitter le bateau. […]
«Qu’est-ce que vous avez comme passion ? », demande Mme Astrid. Je ne m’attendais ni à la question ni à la manière de la formuler. «Qu’est-ce que vous avez comme passion ? », répète Mme Astrid. Elle arrête de contempler son ordinateur pour se tourner vers moi d’un mouvement vif, comme si elle s’attendait à me surprendre endormie sur mon siège. Sa queue-de-cheval blonde fouette l’air avec bonne humeur. Mme Astrid est toujours de bonne humeur. Elle est ma conseillère d’insertion. C’est Pôle Emploi qui m’a prescrit trois mois d’« accompagnement » avec elle, au rythme d’un rendez-vous tous les quinze jours. « Il vous faut un bon coup de pouce pour vous en sortir, m’avait annoncé une conseillère à Pôle Emploi, le jour de mon inscription. Cette personne va vous aider dans votre recherche d’emploi. » La conseillère me regardait du coin de l’oeil, inquiète de ma réaction. Il paraît que les gens n’aiment pas ce genre de mesures, pour des raisons embrouillées où entrent la lassitude, la méfiance et les horaires d’autobus.
Pour moi, les rendez-vous avec Mme Astrid ont toujours été de bons moments. Je n’ai pas compris tout de suite qu’elle appartenait à un cabinet privé, un sous-traitant (elle utilise le mot de « prestataire ») de Pôle Emploi, qui n’a pas le temps d’assurer le suivi de certains dossiers, tels les plans spéciaux ou les personnes considérées comme « éloignées de l’emploi ». C’est mon cas. Cela nous met un peu dans la même situation, Mme Astrid et moi, un lien entre nous : nous avons toutes les deux des comptes à rendre à Pôle Emploi. […]
En général, nos entretiens commencent par une conversation de circonstance sur le ménage, que Mme Astrid mène rondement, y mettant même un certain piquant. « Quand vous faites des candidatures, madame Aubenas, qu’est-ce que vous mettez à la case “motivation” ? – Justement, je voulais vous en parler, madame Astrid. Je ne sais jamais quoi écrire. – Je vous comprends. C’est vrai : comment définir une motivation dans ce secteur ? Ici, mes collègues me disent que ça les détend de faire le ménage le dimanche. Moi, franchement, je préfère me mettre sur le canapé avec un livre. »
D’un regard, elle parcourt les murs aux peintures fatiguées, les vitres ternes, les plantes en pot, anémiées et souffreteuses, car Mme Astrid recueille tous les végétaux malades qu’elle trouve pour les mettre sous traitement dans son hôpital personnel, c’est-à- dire les étagères de son bureau. Elle finit par dire : « Je devrais passer un bon coup de balai. » Avant, le cabinet employait une femme de ménage, mais elle a été la première victime des restrictions budgétaires.
Pour la séance d’aujourd’hui, Mme Astrid m’a demandé de lui montrer mon CV. J’ai sorti celui que j’avais laborieusement élaboré à l’atelier de Pôle Emploi, et auquel j’ai agrafé une photo. J’en suis plutôt fière. Mme Astrid tranche : « Bof. » Aussitôt, elle retrouve son entrain : « On va le refaire. Vous verrez, vous aurez l’impression d’avoir changé de coiffure. »
Elle s’est installée à son ordinateur. De temps en temps, elle se tourne vers moi,me dévisage d’un air inspiré, puis se remet à pianoter furieusement.
« Qu’est-ce que vous avez comme passion, madame Aubenas ? » Je réponds enfin, d’un ton un peu plat : « A votre avis, quel genre de passion pourrait intéresser un employeur qui recrute une femme de ménage ? »
Rien ne décourage Mme Astrid, jamais : « La musique, par exemple. Est-ce que vous aimez la musique ? » Je décide de répondre la vérité : « J’aime nager et lire. » Elle arrête de taper et s’exclame : « Comme c’est drôle ! Moi aussi. Qu’est-ce que vous lisez ? – Des auteurs classiques, les romans du XIXe siècle, surtout français ou russes. » Elle secoue la tête. La queue-de-cheval blonde bondit à nouveau. «Moi pas du tout. L’école m’en a dégoûtée. Je lis du contemporain, au moins une heure par jour, et au moins un ouvrage par semaine. Mes amis me considèrent comme une lectrice fervente. » Je me suis prise au jeu. Je demande : « Et vous ? Quels sont vos auteurs préférés ? – Il y en a un que j’aime pardessus tout. Il exprime exactement ce que je ressens. Il a des mots…Je ne sais pas comment vous dire…Il est sensible. » Je n’y tiens plus : « Qui est-ce ? » Elle a soudain une hésitation que je ne lui connaissais pas, presque une timidité. « Patrick Poivre d’Arvor. » Elle est déjà repartie devant l’ordinateur, ses bras blancs et charnus tendus devant elle : « Et comment vous décririez- vous, madame Aubenas ? Avec quelles qualités ? » A nouveau je sèche. Elle répond pour moi : «Moi, je vous vois dynamique. » Elle tape : « Dynamique. » « Et vous avez un bon contact l’esprit d’équipe aussi. » Elle ajoute : « Esprit d’équipe. » Le CV qu’elle me tend est une oeuvre d’art, avec des colonnes différentes, des grisés. Tout naturellement, elle prend l’ancien et, d’un geste, le donne à dévorer à sa machine à broyer le papier, tapie sous son bureau comme un chien attendant un sucre. Ses collègues la lui envient, elle l’a achetée avec son propre argent.
Un autre de nos usages consiste à passer en revue les offres d’emploi. Elle dit : « J’ai tellement l’habitude que je sais ce qu’il faut regarder, ça ira plus vite. » Mme Astrid m’interdit de répondre à certaines annonces : « Une heure de ménage hebdomadaire dans un commerce rue de Vaucelles ? Ah, non. Ils se foutent du monde. Surtout, n’y allez pas. » Quand quelque chose lui semble vraiment intéressant, elle sort discrètement de la pièce pour me laisser téléphoner. Ça ne marche pas souvent. Les annonces fondent à vue d’oeil, il y en avait 200 en tout dans le Calvados voilà quinze jours, 100 la semaine d’après, 75, aujourd’hui. Les employeurs les retirent, ils hésitent, préfèrent voir venir. C’est pareil dans chaque secteur, bloqué, en position d’attente. Partout et pour tout le monde,même au cabinet privé. La banque ne veut pas leur faire crédit, alors qu’ils demandent une rallonge de quelques semaines, histoire de payer les factures. Le cabinet privé a pourtant expliqué qu’il s’agit de contrats avec Pôle Emploi, du lourd, du sérieux, rien n’y fait. On leur dit même que l’Etat est le plus mauvais payeur. Mme Astrid elle-même, qui a contribué à fonder la structure et jouit de la sécurité de l’emploi, vient de se voir refuser un emprunt pour un appartement.
Ce matin, elle a entendu à la radio un homme politique prophétiser la révolution. Il disait que les Français allaient descendre dans la rue très bientôt. Elle fait les yeux ronds : ils paraissent soudain très bleus. « La révolution ? C’est n’importe quoi. Les gens ont bien trop peur. En tout cas, ce n’est pas grave, madame Aubenas. Moi, je crois en vous. Vous allez voir, vous vous en sortirez et, même, vous allez réussir. Vous êtes un de mes meilleurs dossiers. » A vrai dire, j’en suis moins sûre qu’elle. […]
L’autre jour, sur le ferry, un des chefs a distribué les convocations à la médecine du travail, en précisant : « Ceux qui n’y vont pas seront virés. » Mon rendez-vous tombe cet après-midi, un dispensaire près de la plage Riva Bella, en face du casino municipal, au milieu des magasins de souvenirs en coquillages et des enfants qui mangent des gaufres au Nutella. […] Je frappe. J’attends. Un médecin en blouse finit par ouvrir. Il me demande mon nom et, sans autre forme de salutations, annonce : « Je vais vous peser. » Il a l’air infiniment las. Je commence à retirer mes chaussures. Quand j’arrive aux chaussettes, il me dit : « Ce n’est pas la peine. Restez comme ça. » Je grimpe sur la balance, avec ma parka et mon sac sur l’épaule. Dans la caravane, règne une demi-pénombre, où je ne distingue que ses yeux aux prunelles errantes, bougeant sans cesse, ne fixant jamais rien. Il esquisse un geste vers une toise, puis renonce. « Combien vous mesurez ? »
Je retrousse ma manche de parka pour la tension, quelques tests oculaires, une ou deux questions. Je tiens mon menton dans mes mains, par habitude. Il paraît s’animer, pour la première fois. « Ce sont les dents ? Ça vous fait mal, pas vrai ? » Cela a duré cinq minutes. Il me tend ma fiche. « Apte. »
Le soir, au ferry, tout le monde se fout de moi. « Tu croyais quoi ? Qu’il allait te faire une visite ? » Corinne lève les yeux au ciel. « Ce n’est même pas la peine de penser à changer ses dessous pour aller là-bas. » De toute façon, elle trouve que les médecins sont tous les mêmes, chers et incompréhensibles, difficiles d’accès. Il faut faire des papiers pour les remboursements. Et puis ces rendez- vous, si longs à décrocher ! Cette impression d’être reçue à regret, parce qu’on n’a pas d’argent. La dernière fois, elle dit être restée dix minutes, le médecin ne lui a rien dit et, à la fin, « c’était le même prix quand même ». De toute façon, est-ce qu’ils sont si forts que ça ? Même Guillaume Depardieu, une star pourtant, regardez ce qui lui est arrivé. Tout le monde acquiesce. Suzon a pleuré quand il est mort. « Ces gens-là sont des héros. » […]
Le lendemain après-midi, je sens moins mes courbatures. Le surlendemain, je les regrette. Je n’ai toujours rien trouvé de nouveau. Je suis en train de manger une barquette de riz chinois, achetée en face de la gare, parce qu’il est malcommode de cuisiner chez moi à cause de l’aération. Je sais comment tout ça va finir : il va falloir retourner à Pôle Emploi, refaire le tour des boîtes de nettoyage.Mon téléphone sonne. J’entends la voix douce et insistante de Mme Fauveau. Elle semble celle d’un ange : « Vous êtes libre ? Tout de suite ? » […] Une autre femme de ménage est malade. Je veux lui dire quelque chose, lui signifier qu’une fois encore elle me sauve au bord du gouffre. […] Mme Fauveau finit par reprendre, toujours sur le même ton : « La vacation est de 18 heures à 20 heures, dans une entreprise sur la zone des routiers, derrière Mondeville. » Je trouverai facilement. […]
La définition de mon travail dans la nouvelle entreprise est la même que partout ailleurs : il faut nettoyer les bureaux. Les locaux, en revanche, créent un choc. Tout est sale, incroyablement sale. Sales la pièce du courrier et le standard, recouverts de poussière, sales les locaux administratifs, sale même le chariot dont je dois me servir, sales les bidons de détergent, sales les chiffons, sales les balais.
Dans la cour, un petit espace est réservé aux chauffeurs qui font la route, avec un vestiaire, une cafétéria et un coin douche. Là, du sol au plafond, une gluante semelle de crasse brune recouvre tout uniformément, de la machine à café jusqu’à la poignée de porte. « On dirait qu’il a plu de la merde, pas vrai ? », résume magistralement un manutentionnaire. Tout le monde s’active pourtant à son poste comme si de rien n’était, le chef de bureau remplit ses bordereaux au milieu des souillures, les chauffeurs boivent un espresso dans des tasses qui n’ont plus de couleur, la secrétaire tape sur son ordinateur moucheté comme un pare-brise. Quand je suis arrivée, personne ne m’a dit bonjour, sauf un gros avec de tout petits yeux, qui m’a l’air d’un presque chef. Pendant que je commence à travailler, je sens autour de moi un jeu de chuchotements, de déplacements précautionneux, de glissantes manoeuvres d’approche. Au bout d’un moment, certains s’enhardissent. « C’est vous qui remplacez la dame du ménage ? » Puis : « Est-ce que vous ne trouvez pas que c’est dégoûtant, ici ? » Quelques-uns sont plus directs : « Elle, surtout, n’est pas propre. Ça se voit. Même ses vêtements sentent mauvais. » Une jeune femme blonde se révèle la plus assidue des pleureuses. Elle revient sans cesse à la charge, d’un ton tout à la fois geignard et autoritaire : « Nous voudrions que cette femme s’en aille. Il faudrait exiger de votre entreprise de la changer. »
[…] Je vais laver à fond quelques endroits, pour montrer ma bonne volonté. Je décide de commencer par le plus répugnant, la douche des chauffeurs.
Le lendemain, j’arrive exprès une heure plus tôt. Toujours pas de bonjour, sauf le même gros aux petits yeux. Je lui réponds par des sourires engageants, espérant m’en faire un allié. Il me faut un temps infini pour charrier des seaux d’eau brûlante et essayer de récurer la saleté, incrustée par strates dans la petite salle de bains. Je ne sens plus mes mains, je n’arrive même plus à tenir une éponge. Il faudrait que je bouge les bras,mais ils restent tendus et rigides, comme s’ils ne m’appartenaient plus. La jeune femme blonde s’est remise à me tourner autour. Je l’entends parler à travers le frottement crissant de ma brosse sur le carrelage : « Vous savez, cette autre personne que vous remplacez ? Une fois, je l’ai chronométrée : elle est restée six minutes pour nettoyer les toilettes. Pas une de plus. Elle ne fait rien. »
Le jour suivant, la douche est sale, presque comme avant. Des traces noires de chaussures marquent le bac blanc comme si quelqu’un s’était lavé avec des bottes. Des plantes vertes ont été entreposées qui dégorgent un flot mousseux de boue, où surnagent des rouleaux de papier toilette dévidés. Le gros homme aux petits yeux s’approche avec un sourire. Il m’annonce d’un ton triomphant : « Je viens de marcher là où vous aviez passé la serpillière. Désolé, j’ai tout sali. » Il s’assoit à la table que je viens d’essuyer, pour tremper un gâteau dans son café. Des miettes s’éparpillent. Il renverse du café dedans. Laisse le biscuit dans la flaque et s’en va en disant : « Bon courage. » Je ne suis pas sûre qu’il le fasse exprès, je le crois même moins méchant que les autres. […] Jeme sens prise dans une toile d’araignée. Je me mets moi aussi à les épier, toussant, regardant ma montre avec réprobation dès que deux employés commencent à se raconter leur week-end.
Quand les éléments ont-ils fini par gagner ? Est-ce que l’autre femme, celle que je remplace, se souvient du jour où elle a abandonné, et s’est laissé submerger par la crasse et par son désespoir ? Sur un autre chantier, j’ai rencontré, par hasard, certains de ses collègues. Avec eux, elle travaillait bien au début. Ils m’ont raconté qu’elle s’était mise à marcher de plus en plus lentement. Elle avait mal à la colonne vertébrale. Elle avait mal aux coudes. Elle leur disait : « Là-bas, chez les routiers, c’est dur. Il faut frotter, frotter, frotter, frotter. Ils sont tous là sur moi. » Elle a appelé un jour : « Je me suis couchée. » Plus personne n’a eu de ses nouvelles. […]"
© « Le Quai de Ouistreham », Editions de l'Olivier (2010)



C'est l'histoire tragique d'une femme de ménage que nous pouvons cotôyer chaque jour dans nos bureaux à l'heure de la fermeture et sans jamais s'y intéresser.

Rébia BENARIOUA
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9 février 2010 2 09 /02 /février /2010 12:08

    Régionales 6 Février (2)                                                                                                                                                                                                                                                                       
  

   Marcel, maître d'oeuvre du Café de la Gare, à Saint Antoine, accueille chaque Samedi matin, sympathisants, militants dans une ambiance fraternelle, autour d'un café....

   Ce Samedi, 6 Février, échanges des derniers potins de la campagne, où encore un avis et des interrogations sur le match de demain.

   Malgré la pluie qui menace, il faut y aller pour informer les habitants de nos quartiers sur le travail accompli par notre Région. 


Régionales 6 Février (7)
           Notre équipe, toujours renouvelée est sur le départ.

           Les uns iront à Saint Antoine, d'autres aux Aygalades, à la Solidarité ou à La Savine...

           Samedi prochain nous nous retrouverons: chacun sera le bienvenu





Rébia BENARIOUA
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7 février 2010 7 07 /02 /février /2010 12:55
Je tenais à féliciter notre ami et leader Jean-Noël GUERINI pour son élection à l'unanimité au poste de Président de la Fédération du Parti Socialiste des Bouches du Rhône.

Ci-dessus le lien sur une vidéo qui ne pourra que vous intéresser.


www.dailymotion.com%252Fvideo%252Fxc4o42_jeannoel-guerini-elu-president-du-p_news&h=11e7fe5f692dbf57b3ab067c00eeaf7e&ref=mf

REBIA-et-Guerini-A.jpg


Rébia BENARIOUA



 
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6 février 2010 6 06 /02 /février /2010 19:49

Jean-Noël Guérini


Encore une lutte primordiale menée par notre Président du Conseil Général et Sénateur Jean-Nöel GUERINI qui a répondu présent à l'appel de l'Union des Maires des Bouches-du-Rhône. Ainsi, plus de 200 élus se sont retrouvés devant la Préfecture de Région à Marseille, pour signifier leurs désaccords avec le projet de réforme territoriale.
Je me permets ici de vous donner le lien hypertexte d'une vidéo qui vous permettra de prendre la mesure de l'enjeu. 


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5 février 2010 5 05 /02 /février /2010 12:05

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Voici un lien hypertexte vers un article de la Provence de ce jour. C'est ici en qualité et de Conseiller Général et d'Elu Municipal que je me permets de vous interpeller.



http://www.facebook.com/l.php?u=http%3A%2F%2Fwww.laprovence.com%2Farticle%2Fregion%2Fles-impots-devrait-encore-augmenter-a-marseille&h=d1be34881caf870a5ce7e5485b6f7077


Et ils oseront encore parler des hausses d'impôts dans les régions et départements qui pour l'occasion sont minimes et de leurs entières responsabilités à cette "chère" majorité.

Rébia BENARIOUA.
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3 février 2010 3 03 /02 /février /2010 16:39
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Je me permets de soumettre à votre lecture le positionnement et les actions que mènent notre parti afin de défendre notre système de retraite basée sur la Solidarité inter-générationnelle.


Réuni à Paris le mardi 26 janvier, le Bureau national du PS a adopté à l'unanimité sa position sur la réforme des retraites.  Dans le débat qui s'engage dans notre pays, le PS est rassemblé pour défendre un système juste et solidaire, basé sur la retraite par répartition.
La retraite par répartition, c'est-à-dire la solidarité entre les générations, est au cœur du modèle social de notre pays et constitue le socle fondamental de notre système de retraites. Nous devons le défendre et le sauvegarder. Or, les réformes du système de retraite de 1993 et 2003 n’ont réglé ni le problème du financement, ni celui du niveau des pensions qui ne cesse de se dégrader, ni permis de prendre en compte pleinement la situation des carrières longues, la pénibilité et les différences d’espérance de vie.
Au total, notre système de retraite n’est aujourd’hui pas financé durablement et n’assure pas un niveau de vie décent au plus grand nombre des retraités. Cette situation est aggravée par le très faible taux d’emploi des plus de 50 ans, une personne sur deux étant au chômage ou en préretraite au moment de faire valoir ses droits à la retraite.
C’est pourquoi la réforme du système de retraite qui sera discutée à partir de cette année est décisive. Le Parti socialiste prendra toute sa part dans le débat sur l’avenir des retraites.
Le Parti socialiste rappelle que les organisations syndicales doivent, être au premier rang, les interlocuteurs privilégiés du gouvernement en ce qui concerne les retraites. Cela étant posé, le Parti socialiste est prêt à débattre sur cette question majeure pour notre pays. Nous pensons que si la question des retraites doit être traitée, elle ne doit pas faire oublier les actions prioritaires nécessaires sur les salaires, l’emploi et les réponses à apporter pour sortir de la crise.
Pour que le débat ait lieu dans de bonnes conditions, trois temps devraient être respectés.
Le premier est celui, à partir des travaux du COR, d’un diagnostic, qui doit être autant partagé que possible notamment avec les organisations syndicales, sur la situation des retraites en France.
Sur la base de ce diagnostic, devra s’engager un dialogue national au cours duquel chacun, partenaires sociaux, formations politiques, doit pouvoir exprimer ses propositions qui devront être discutées et négociées, en particulier avec les organisations syndicales.
Enfin, un vrai débat devra avoir lieu au Parlement, qui ne saurait être ni précipité, ni tronqué, ni mené dans l’objectif de passer en force pendant l’été comme ce fut le cas en 1993 et 2003.
L’avenir du système de retraites et les réformes nécessaires dépendront fortement de l’évolution de la démographie, de la croissance, de l’emploi et de la masse salariale. Le Parti socialiste rappelle d’ores et déjà les grandes orientations qu’il défendra et ses priorités pour la période 2012-2020 :

- la sauvegarde du système par répartition, fondé sur la solidarité entre les générations, qui nécessite de répondre à des besoins de financement de 25 milliards d’euros à horizon 2020 (compte tenu de l’augmentation du nombre de retraités, de l’allongement de la durée de la vie et de la diminution du nombre de cotisants) ;

- un niveau de pension permettant aux retraités de vivre correctement, alors que celles-ci ont baissé de 20% depuis la réforme Balladur et devrait baisser de 25% à nouveau dans les années à venir ; 1 million de retraités vivent sous le seuil de pauvreté et 50% ont une retraite inférieure à 1000 euros ; 

- l’introduction de nouvelles ressources dans le système, alors que la droite n’a jamais pris d’initiative sur ce plan. Il s’agit notamment de : l’élargissement de l’assiette des cotisations à la valeur ajoutée, le prélèvement de cotisations sur les stocks-options et autres rémunérations non assujetties (5 milliards d’euros de recettes possibles selon le rapport de la Cour des comptes) et l’alimentation du fonds de réserve des retraites. 

- le maintien de l’age légal du départ à la retraite à 60 ans, c’est à dire la possibilité de faire valoir ses droits, quel que soit le montant de sa retraite. C’est le seul droit encore attaché à l’âge légal de départ à la retraite et nous le défendrons. 

- nous voulons faire en sorte que les salariés qui ont occupé des emplois pénibles puissent bénéficier d’une retraite anticipée, par exemple en majorant d’un coefficient les trimestres travaillées dans ces conditions. Le traitement des emplois pénibles était un engagement de l’Etat dans l’accord signé avec certaines organisations syndicales, il doit être un préalable des nouvelles discussions.

- Nous savons aussi que l’accroissement de l’espérance de vie, associée à une arrivée plus tardive sur le marché du travail, entraîne un départ réel à la retraite à 61, 62 ans…L’âge moyen de départ à la retraite est aujourd’hui en moyenne de 61,6 ans, mais nous voulons que les salariés puissent faire valoir leurs droits à la retraite dès lors qu’ils ont cotisé le nombre de trimestres requis, ce qui signifie que pourraient partir à 58 ou 59 ans par exemple des salariés qui ont commencé à travailler tôt.

- des mesures vigoureuses et effectives pour le maintien dans l’emploi des plus de 50 ans : le taux d’emploi des plus de 55 ans est de 35% ; une personne sur deux est au chômage ou en préretraite au moment de faire valoir ses droits. Cela pèse sur les recettes des caisses de retraite, en raison des cotisations non perçues, autant que sur les droits des salariés concernés.
Le Parti Socialiste souhaite travailler la question des retraites dans une approche plus large : l’organisation des temps tout au long de la vie. Comment donner à chacun la possibilité de mieux organiser les temps de la vie dans le cadre de garanties collectives ? Comment faire de l’allongement de l’espérance de vie un progrès et non pas une contrainte pour la société ? Comment donner aux seniors une place active dans la société ? Comment prendre en charge la dépendance ? Autant de questions sur lesquelles nous voulons travailler tout au long de cette année, et dont nous souhaitons débattre également avec les organisations syndicales.
Le Parti Socialiste rencontrera les organisations syndicales dans les semaines qui viennent pour entendre leur analyse et leurs propositions.
A partir du diagnostic partagé dont il demande qu’il soit établit, de ses priorités, et du dialogue qu’il aura lui même engagé avec les organisations syndicales, le Parti socialiste fera connaître ses propositions. Il évaluera les propositions du Gouvernement également à l’aune de la méthode qu’il aura mis en oeuvre pour préparer la réforme et du résultat de ses négociations avec les organisations syndicales.
Fort de ces orientations et de ces objectifs, le Parti socialiste présentera ses propres propositions, après les avoir fait valider par les militants selon les modalités prévues par ses règles internes.

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3 février 2010 3 03 /02 /février /2010 16:21
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Rébia BENARIOUA , accompagné ici de Louis PAGAN et de Germain BENISTI, a été l'invité d'honneur du Centre Social Del  Rio où plusieurs dizaines d'enfants ont participé à l'évènement.

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Ce repas fait suite à un long travail en liaison avec l'ensemble des Centres sociaux dont Rébia BENARIOUA est le délégué au Conseil Génral des Bouches du Rhône en liaison avec Monsieur GUERINI, Président du Conseil Général des Bouches du Rhône, dont on connait l'attachement aux enfants.




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On peut voir dans cette photographie nos amis Anne DI MARINO, l
e directeur du Centre Social Mounir GARES, Mr Germain BENISTI et la déléguée du Club Seniors Maria TILLEUL.

Rébia BENARIOUA
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2 février 2010 2 02 /02 /février /2010 10:21

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Je voulais vous informer d'une initiative sur mon canton qui me semble indispensable de faire connaître.

image-14 Notre Section socialiste du 15 ème signale que Jacques Godard, notre doyen, organise une exposition-vente de tableaux haïtiens du 17 au 27 février prochain à :


Espace Culture 42 La Canebière
(André Malraux : " Haïti, le seul peuple de peintres ".)


La totalité des bénéfices sera versée à trois écoles de Haïti, sinistrées par le tremblement de terre. Notamment pour la reconstruction d'une école à Jacmel.


Ceux qui veulent faire un don pour cette opération peuvent envoyer un chèque à :


Jean-Claude JULIEN -APAM-
10rue Saint Léonard
30620 BERNIS

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